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MISCELLANEES
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17 janvier 2008

Des volutes d'illusions

Voilà quelques jours que la loi est appliquée interdisant de fumer dans les lieux publics, bars et restaurants. Force est de constater, pour les établissements qui la respectent, que la clientèle n'a pas déserté les cafés et les brasseries. Il semble que les fumeurs se soient accommodés, bon gré mal gré, mais avec brio, à cette nouvelle situation. C'est un autre aspect positif de cette interdiction, montrer à des personnes qu'elles possèdent des ressources qu'elles ne soupçonnaient pas. On peut tout de même se poser la question pourquoi dans un pays civilisé il faut une loi pour imposer le bon sens de ne pas gêner l'autre. Comment peut-on décréter que les cafés doivent être des fumoirs, que les brasseries ne peuvent intéresser ceux qui voudraient boire une petite mousse sans s'asphyxier pour autant dans un nuage de fumée délétère?
C'est vrai qu'on vit une époque où plus que jamais l'individualisme est de mise, nous le constatons tous les matin dans le train, où les apprentis autistes s'isolent dans le bruit de leurs oreillettes, bruit qu'ils partagent généreusement soit par mépris soit par surdité naissante (quand ce n'est pas les deux).
Une question intéressante est celle de savoir qui, de la municipalité ou des entreprises, va prendre en charge les frais de nettoyage de la voirie maintenant prise d'assaut par ces nouveaux bannis. Et quid de la loi Sarkozyienne limitant les regroupements dans les halls des immeubles? C'est qu'il faudra surveiller dorénavant que ces attroupements ne soient pas la source d'une insécurité sournoise ... que sous couvert de fumer en grelottant dans le froid hivernal ils ne complotent pas!

Cette nouvelle victoire du bon sens et de la civilité ne nous fait pas oublier l'hypocrite stupidité du gouvernement. Que l'on veuille protéger les fumeurs passifs, pour compenser un manque de civisme rampant et pour une question de santé publique, c'est naturel. Mais continuer de vendre des produits dont on sait qu'ils tuent à long terme, tout en s'engraissant avec leurs taxes, c'est d'un cynisme sans pareil. Même si je n'ose imaginer la réaction de la population fumeuse à un bannissement total des cigarettes ou celle des riches fabricants à l'interdiction d'en faire commerce. Il est plus facile de céder à ses contradictions.
On peut aussi regretter qu'on ne facilite pas aux fumeurs la mise en place d'aires pour succomber à leur tentation létale. Ils sont suffisamment nombreux pour estimer faire entendre leur enrouement. Que je sache nous n'avons pas de problèmes de natalité au point de vouloir sauver des vies à tout prix, contre leur gré, au détriment de leur inconscience collective? Nous devrions même, si on cherche un peu, trouver des problèmes de surpopulation, sinon au niveau national au moins au niveau mondial, pour lesquels laisser les gens se tuer comme ils le veulent fournirait une solution du désespoir. Bon, c'est vrai que bon nombre de ces personnes, qui parfois disent fièrement qu'ils mourront bien de quelque chose, n'imaginent pas une seconde les affres quotidiens des cancéreux du poumon (et à qui ils devraient rendre visite pour ne pas mourir idiots). Ils ne pensent pas, pourquoi le feraient-ils, à leur probable lente mais inéluctable suffocation si leurs poumons décidaient de ne plus supporter l'absorption régulière des centaines de substances toxiques .
Néanmoins, sachant que plus d'un milliard de personnes fument dans le monde, en tenant compte du risque élevé d'en mourir, ne peut-on pas y voir un facteur spontané de limitation de la population mondiale qui menace l'équilibre planétaire?
Je dis tout cela, cynique et triste, de voir ma mère lentement succomber à un cancer du poumon sans que l'angoisse de mourir, et dans une probable souffrance qui plus est, lui fasse trouver la détermination d'arrêter de fumer durant les traitements, eux-mêmes extrêmement toxiques. Un arrêt qui pourrait aider à rendre ces traitement assez efficaces pour au moins lui rallonger un peu l'espérance de vie (mais dans quel état?). On commence alors à imaginer l'état de servitude révoltant dans laquelle les fumeurs s'emprisonnent jour après jour pour se recroqueviller dans le déni puéril qu'en se tuant de la sorte, ils exercent un droit légitime sur leur personne, qu'ils jouissent ainsi d'une liberté fondamentale qui est de disposer pleinement de leur existence. Et on comprend mieux la nécessité de lois iniques et hypocrites pour tenter naïvement de leur faire changer de comportement.

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